Merci de m’apprendre à t’écouter

Hier au déjeuner pour la première fois je t’ai donné un verre d’eau à la place du biberon. Bien sûr tu m’as étonnée en réussissant à boire, sans en faire tomber une goutte.

Puis je t’ai donné ton yaourt. Là, tu me réclames de l’eau, cuillère à la main.

Bien sûr, je sens que tu veux mettre ton yaourt dedans, donc je dis non. Une fois, deux fois, et tu pleures comme si je t’arrachais un bras. Ok, je te laisse faire, bien sûr le yaourt tombe dedans.

Je te redis non, tu repleures. Je te dis que le yaourt est à manger et l’eau pour boire, tu me dis oui. Très bien, je te laisse faire à nouveau.

Tu as commencé à transvaser ton yaourt dans ton verre, patiemment, concentrée, cuillère après cuillère. J’avais l’impression que tu faisais une expérience biochimique de la plus haute importance tellement tu étais à fond dans ce que tu faisais. Et de temps en temps, tu en mangeais une cuillère.

Aujourd’hui, au menu, taboulé. Je te donne ton verre d’eau, et oh surprise, après avoir bu dedans, tu renverses le reste dans ton assiette.

Je me fâche et retire le verre, tu pleures comme hier. Je te dis que le repas est à manger et l’eau à boire, tu me dis oui. Tu reprends ton verre et verses le reste d’eau qui était dedans.

Dans les deux situations, tu as TOUT mangé.

Ce que je trouvais assez dégoûtant, pas faisable, non négociable, en fait tu expérimentais.

Merci de m’avoir appris, hier et aujourd’hui, à t’écouter, à t’observer, à répondre à ton besoin.

Que veux-tu, j’apprends à être maman avec toi, grâce à toi. Je ne dis pas que je pourrai le faire à chaque fois, car cela prend du temps, de construire une personnalité, de coordonner ses mouvements, d’observer ce qui se passe.

Mais chaque fois que j’en aurai l’occasion je te laisserai ce temps qui t’a permis de t’exercer, hier et aujourd’hui.

On dit qu’il n’y a pas d’enfant difficile, mais plutôt qu’il est difficile d’être un enfant dans un monde d’adultes pressés, occupés, sans patience et fatigués.

Je teste l’endurance de ma patience avec toi tous les jours.

Mais c’est pour la bonne cause. Te permettre de grandir.

Merci. Je t’aime. Maman